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InTheBlob

ce truc est mon blog.. qui l'eut cru!
il contient :
- des trucs et des n'importe-quoi dans la catégorie En Folie,
- des photos et des dessins dans In Plano
- des articles de lecture dans les différents In Folio
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- des articles sur la musique dans In Octavo
- des recettes de cuisine dans In Douze (parce que midi, c'est l'heure !)
- des articles de cinéma dans In Seize (Neuvième)
- des articles de science et de fiction dans In Dix-Huit (parce que c'est le format suivant)

Voilà, vous êtes prévenus.

Inthepast

22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 07:18
Dans le cadre des fanesdecarottes,
Consigne de sécurité


Il y a peu, la personne chargée de la sécurité de l’entreprise où je travaille m’a rappelé que l’un des éléments essentiels pour réduire le risque de chute de plain-pied est la présence d’un bon éclairage. Pour éviter de marcher sur un objet au sol, ou de glisser dans une flaque d’eau, la première parade est de pouvoir les voir.
Je me suis abstenu de tout commentaire. Je crois bien que je l’aurais fait frémir si je lui avais raconté ma tendance à la « pédibulation noctibule ». Il m’est souvent arrivé de me déplacer sans allumer les lumières, ma maison  se transformant alors en un terrain de promenade en aveugle, et parfois en un parcours du combattant semé d’embûches diverses.
Ainsi, enfant, ma chambre étant à l’étage, je quittais parfois mon lit en pleine nuit pour accéder aux toilettes situées au rez-de-chaussée, sans allumer. Mes orteils identifiaient assez vite les chaussons qui tranchaient avec la relative fraîcheur du plancher. Parfois, en été, je ne les portais pas et j’avais alors plaisir à ressentir la texture des sols que je parcourais. Il y avait celle dure et tiède du plancher de ma chambre à coucher, celle cotonneuse et chaude d’un tapis dans lequel s’enfonçaient agréablement les pieds, ou celle d’un carrelage glacial et bossu à cause de ses tomettes inégales, ou encore le revêtement de sol synthétique, froid et légèrement mou sous mon pied.
Suivaient un franchissement de zone, transition entre le plancher et le carrelage, et la traversée du couloir pour accéder, juste en face de la porte, à l’escalier. L’habitude aidant, cette distance menant à la première marche était parcourue intuitivement, et je descendais ensuite en gardant le bois râpeux de la rampe sous ma main gauche.
Une fois parvenu en bas, je parcourais un autre couloir sur toute sa longueur, avec la main droite frôlant le mur. Pas la gauche, car je risquais alors de renverser un pot de fleur. Mes doigts sentaient défiler une porte close, une ouverture sur un couloir, et enfin la porte qui m’intéressait et derrière le siège blanc à lunette. Le chemin de retour se déroulait selon le même principe, jusqu’à retrouver le contact moelleux de mes couvertures.

Mais je n’étais pas à l’abri de certaines surprises. Parfois, je connaissais de grosses frayeurs, en cherchant une dernière marche aux escaliers et en laissant alors ma jambe retomber brutalement au sol. Déséquilibré, j’étais à la limite de partir en arrière, en roulé-boulé, dans les escaliers.

De plus, selon les jours, au même endroit, je pouvais me trouver face au vide, à la tranche du battant d’une porte ou nez à nez avec quelques vêtements suspendus. La rencontre brutale avec un tabouret, trop bas pour que mes mains ne le trouvent, qui n’avait pas été repoussé sous le bureau de ma chambre pouvait également s’avérer fort pénible !

Mais toutes ces peurs et ces bosses n’avaient pas réussi à me faire changer mon mode de déplacement.
Or une nuit, je me sentis piégé dans ce qui me parut une monstrueuse toile d’araignée. Elle m’enserrait, m’étouffait, m’empêchant d’avancer et aussi de reculer. Je me débattis comme un forcené en poussant des hurlements, et plus je bougeais, moins j’avais de marge de manœuvre. Je vivais là l’un des cauchemars qui me visitaient régulièrement dans lequel j’étais attaqué par une araignée géante puis enroulé dans son fil sans pouvoir réagir.

Je suis resté marqué pendant longtemps. J’ai d’abord eu une phobie totale du noir et refusé complètement de quitter mon lit de nuit.

Puis j’ai mis progressivement en place des mesures compensatoires me permettant de me rassurer et de continuer à me lever si besoin en pleine nuit. Mais aujourd’hui encore, ces déplacements restent limités, et se font toujours en allumant. Alors forcément, j’aurais pu parler longuement à notre ingénieur sécurité des risques que présentent les déplacements en pleine nuit sans éclairage. 

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