Le monde des non-A – A. E. Van Vogt
Premier roman du cycle du non-A.
Gilbert Gosseyn s’installe tranquillement à son hôtel. C’est la période des jeux à Los Angeles, les candidats à l’émigration vers Vénus se pressent pour participer à un concours géant. Dans ces circonstances, l’hôtel ne garantit pas la sécurité de ses hôtes si bien que tous les joueurs de l’hôtel font une réunion pour organiser leur sécurité.
Gilbert Gosseyn, à sa grande surprise, est alors accusé de ne pas être celui qu’il est certain d’être. Passé au détecteur de mensonge, il parait alors évident qu’il est effectivement persuadé que ses dires sont vrais alors qu’ils sont faux. Lavage de cerveau, Hypnose ? Quoi qu’il en soit, Gilbert Gosseyn ne sait pas qui il est.
Mais sa singularité et le fait qu’il était persuadé d’être le mari d’une femme qui se révèle être la sœur du président, attirent les regards de diverses personnes qui, pour d’obscures raisons, se mettent à le pourchasser pour l’interroger, l’emprisonner.
La machine des jeux, grand ordinateur pensant qui gère la sélection des personnes ayant l’état d’esprit et l’intelligence adaptée pour émigrer sur Venus, ne peut pas non plus l’aider. Elle lui fait juste comprendre qu’il est un pion dans une partie d’échec qui le dépasse.
Il est manipulé par des personnes qu’il pense être ses alliés, mais le sont-ils vraiment ? Ses décisions lui sont suggérées et pas toujours par la même personne. Qui sont les camps qui s’affrontent ? La ligue, les galactiques ? Qui est avec qui ? Qui attaque Vénus, qui la défend ? Et la machine dans tout ça ?
C’est un récit assez complexe, et si on tente d’y comprendre tout j’ai bien peur que ce roman n’y perde son intérêt, noyé dans trop de questions. Je suppose qu’il faut savoir accepter qu’il reste une part d’ombre, et se satisfaire des réponses apportées à la fin du tome. C’est peut-être aussi la leçon de ce premier tome du roman qui se base sur des idées développées par des logiciens et des spécialistes de la sémantique : le non-aristotélicisme (Non-A, ou le A avec une barre dessus).
Parmi les doctrines du non-A, il y a le fait que le vrai savant sait que son savoir n'est pas total. Il admet que les choses ne sont pas telles qu’il les voit, que sa perception est partielle. Van Vogt explique d’ailleurs deux trois choses liées à ce non-A dans le prologue du roman.
Dans le cas de Gosseyn, la notion est poussée à l’extrême, Gosseyn lui-même n’a qu’une perception partielle (et même fausse au départ) de ce qu’il est. Du fait qu’il est formé aux modes de raisonnement non-A, il arrive cependant à ne pas devenir fou face à cette prise de conscience.
Alors qu’il pense avoir un peu mieux compris sa situation, d’autres événements remettent à nouveau en cause sa conception de sa vie. Et le lecteur par la même occasion est obligé de réviser son jugement sur l’idée première qu’il s’est fait du roman…