Fleur est un manga en trois tomes de l'auteur coréen Park Kun-Woong.
Le tome 1 ne comporte absolument pas de texte. Il n'y a que des images. Ce mutisme est le symbole de l'enfermement de Jaeng-Tcho. Il est dans une prison, enfermé comme un autiste l'est dans sa
tête. Et dans sa tête défilent des souvenirs en couleurs. Par opposition, l'univers de la prison est en noir et blanc.
Ces souvenirs sont des souvenirs d'enfance, des souvenirs de sa jeunesse.
Une enfance en campagne, au milieu des champs. L'insouciance, les bagarres d'enfants... et un groupe qui persécute les plus petits. Et la fille.
Une jeunesse marquée par la deuxième guerre mondiale et l'occupation de la Corée par le Japon. Exécutions, et brutalité. Et la fille.
Les tomes 2 et 3 nous emportent dans la
Guerre de Corée. Les images de combat sont brutales. Les couleurs des images sont très
sombres, comme la noirceur des souvenirs des combats.
L'histoire se déroule du coté des partisans, les combattants communistes, qui luttent contre l'armée de la Corée du Sud. Le personnage est alors un partisan un peu à part : il a rejoint ce
groupe, non pas par idéal politique, mais par dégoût pour les massacres qui ont été commis par l'armée japonaise pendant que le pays était occupé et dont il a été témoin (les souvenirs d'enfance
dans le premier tome). Et la fille, toujours.
Graphiquement, c'est un livre qui change des autres manga par le traitement au pinceau des images. Globalement, ce manga est composé d'images. Il y a très peu de texte. Le manga est en couleur.
Mais ces couleurs sont posées par touches, un peu comme chez les impressionnistes, à la différence près que la structure et le mouvement sont donnés par des traits noirs.
Le traitement du sujet est lui aussi original : on est du coté des partisans communistes. Dans le cadre de la guerre froide, un tel conflit a dû être relaté en France comme (je schématiqe un peu,
voire beaucoup) celui des "gentils coréens du Sud défandant la démocratie" contre des "méchants communsites organisés en petit groupes de terroristes". Un tel changement de point de vue nous fait
passer de l'autre coté de la barrière, quand les "mechants terroristes" deviennent "des résistants" face à des "méchants". Avec du recul, dans tous ces conflits, comment dire exactement qui sont
les gentils et les méchants ?