Les livres dans les livres

L'empreinte du diable - Arthur Upfield

"Bony scuta avec intérêt cet homme dont Bisku [...] disait qu'il aimait empoisonner les lapins pour pouvoir se servir de ses expériences dans des livres policiers. 

Bony fut déçu. Il n'avait encore jamais vu d'écrivain en chair et en os, et il s'était plus ou moins imaginé qu'ils appartenaient à une espèce particulière, une espèce un peu différente de celle des poêtes et des artistes. Il pensait avoir un homme au front massif, avec des grands yeux inquisiteur, une voix forte et pénétrante et des vêtements originaux. 

Clarence B. Bagshott avait un aspect désepérémment banal."

Les livres dans les livres

L'armée furieuse - Fred Vargas

"Depuis trois jours, Adamsberg avait apporté à l'hôpital un livre de chez Léo. Il la recoiffait, puis s'installait sur le lit, appuyé sur un coude, et lui lisait une vingtaine de pages. C'était un livre ancien, qui détaillait les méandres d'un amour fou promis à la catastrophe.

L'affaire n'avait pas l'air de passionner beaucoup la vieille dame mais elle souriait beaucoup pendant la lecture en agitant la tête et les doigts comme si elle entendait une chanson, et non pas une histoire. Aujourd'hui, Adamsberg avait volontairement changé de volume. Il lut un chapitre technique sur le poulinage des juments, et Léo parut danser de la même façon."

Les polars de Fred Vargas

L'armée furieuse – Fred Vargas

Une boule de mie de pain.

Un pigeon aux pattes liées.

Le roman démarre fort. Et le commissaire Adamsberg, toujours aussi attaché aux détails et opposé à la cruauté, ne pouvait manquer ni l'un, ni l'autre.

Ce ne sont pas ces deux questions qui vont ici devoir retenir la plus grande partie de son attention. Mais deux autres.

Alors qu'à Paris un homme d'affaire esr carbonisé dans sa voiture, en Normandie, un autre est porté disparu. A Paris, un jeune gars parait être le coupable, de manière trop évidente. En Normandie, la mort du disparu avait été annoncée par une vision d'une femme du village. La même vision annonçait aussi la disparition brutale de trois autres personnes, emportées par l'Armée Furieuse. 

Bon, vous me direz, le coupable est connu dès le début dans les deux cas, pourquoi en faire un livre ? C'est que, comme dans chaque roman de Vargas, rien n'est aussi simple que ça.

Dans ces deux enquètes, Adamsberg pourra sauver 4 personnes, et en verra mourrir 4. Il rencontrera aussi une galerie de personnages originale, dont une fratrie composée de 3 garçons étranges et d'une fille à la poitrine hypnotisante. Un livre placé sous le chiffre 4 !

J'ai apprécié cette enquète et le style toujours aussi inimitable de Fred Vargas, avec ses petites phrases qui font mouche.

J'ai retrouvé avec plaisir Adamsberg et son équipe d'enquetteurs farfelus. Pourtant, cette fois la part belle est surtour donnée à Danglard et Veyrenc. Les autres ont moins présents. Après une phase expansive, où tout le commissariat était impliqué, Vargas retrouve un nombre plus réduit d'enquèteurs, comme dans les premiers romans avec Adamsberg.

Si on perd sur les personnages des enquetteurs, c'est pour laisser la place à d'autres caractères, tels que Zerk, la fratrie, et une petite mamie fort attachante. C'est au final, pas si mal, les traits de caractères de ses enquetteurs sont tellement tranchés qu'il lui serait difficle de faire du nouveau avec. Un peu de sang neuf est bienvenu.

Et, en plus, comparé aux tomes précédents, je me suis moins sentie flouéepar la culbute finale qui résoud tout. Je dois même dire que j'ai été surprise.

Les livres dans les livres

La mouche du coche - Donald Westlake

" C'était Nick Rovito qui n'allait pas être content. Engel était assis dans la bibliothèque de son hôtel particulier, environné de tous coté par les livres qu'avait choisi le décorateur, et il songeait que Nick Rovito n'allait pas être content du tout. D'abord, personne n'est jamais content d'être tiré du lit à quatre heures trente du matin, et puis ce qu'Engel avait à lui dire ne le contenterait absolument pas. "

Henning Mankell – Les chiens de Riga

Février 1991, l’inspecteur Kurt Wallander de la police d’Ystad en Scanie, en Suède, se retrouve avec deux cadavres sur les bras. En pleine tempête de neige, un canot pneumatique s’échoue sur une plage proche d’Ystad. A son bord, deux hommes habillés en costard chic et une balle dans le cœur chacun.

L’enquête, qui parait d’abord mal partie, se débloque avec une aide internationale : les deux hommes viennent de Lettonie. Un policier de Riga vient alors aider la police suédoise pour boucler l’affaire, le major Liepa.

Tout aurait pu s’arrêter suite à son départ, sauf qu’à peine rentré en Lettonie, le major est assassiné. L’enquête reprend donc, et à son tour Wallander va se rendre en Lettonie. Sur place, il lui est difficile de savoir à qui faire confiance. Il se sent suivi, surveillé et bridé dans ses actions…

C’est un polar qui accroche dès le début et ne nous lâche pas jusqu’à la fin.

Wallander est un homme comme les autres, avec une famille et des doutes sur sa vie, son métier ce qui le rend attachant. C’est devenu un grand classique aujourd’hui d’humaniser les enquêteurs dans les séries TV en montrant aussi leur famille. Mais ce n’était pas courant à l’époque où ce roman a été rédigé. Ca facilité l’identification au personnage, si bien que l’on vibre encore plus et s’inquiète encore plus lorsqu’il est en difficulté.

La complexité de l’affaire et des magouilles politiques sous-jacentes ne gâchent rien au tableau.