Les livres dans les livres

Morceau choisi : A quatre mains - Paco Ignacio Taibo II

"Pour travailler, Alex utilisait un coin de la pièce [...]. Il n'avait pas beaucoup de papiers, mais les murs étaient surchargés de documents de toute sorte : messages, Post-it jaunes, mémos cloués avec des épingles. en 1982, Mario Estrada découvrit derrière la porte un mot d'Alex, daté de six ans auparavant, qui invitait de façon obscure le lecteur à invoquer tous les jours en se levant la maxime de malraux qui dit que les héros n'existent que dans les livres. "

A quatre mains - Paco Ignacio Taibo II

Quand deux journalistes, Julio le mexicain et Greg l'américain, croisent un peu trop souvent un certain Armando, ils ne se doutent pas de ce celui-ci est en train de préparer.

Quand un traficant de drogue voit ses effectifs décroitre étrangement et brutalement, il ne se doute pas de qui  les manipule.

Quand Stan Laurel (oui, oui) accepte de créer un prix de journalisme, il ne se doute pas que son idée sera récupérée par un autre.

Quand trois hommes s'envoient des cartes postales avec des marguerites, ils ne se doutent pas que ça peut inquiéter les services secrets.

Quand Alex, chef du "Shit Department" de la CIA est mandaté pour déstabiliser le mouvement sandiniste, il est prêt à tout. Même à utiliser de nombreuses personnes contre leur gré.

Tous ces personnages (et bien d'autres) font partie d'un grand puzzle géopolitique qui se déroule en Amérique latine. Tous n'y ont pas un grand rôle. Mais tous, à leur manière, sont liés.

Ce roman est construit comme une suite de petits textes qui, pour certains, pourraient constituer des petites histoires indépendantes. Chacun de ces petits texte concerne l'un ou l'autre des personnage du puzzle. Pris indépendamment, certains textes sont de petites merveilles. Certains ont besoin des autres pour prendre un sens.

Petit bémol : à force de sauter d'un texte à l'autre, d'un personnage à l'autre dans toute cette multitude, on en arrive parfois à se perdre. J'avoue que ma connaissance des mouvements politiques et révolutionnaires d'Amérique latin est assez limitée, ce qui a parfois renforcé ce sentiment. Cela nécessiterait donc de se documenter un peu avant de relire le livre, pour éclaircir certains points. 

Malgré ce bémol, cela reste un roman savoureux grâce aux quelques touches d'étrange qui y apparaissent (la psychanalyse de Houdini, par exemple) et grâce à ces morceaux de texte que j'ai qualifié de merveilles. Il est également intéressant pour l'aspect géopolitique. Pour tous les amateurs de théorie du complot : vous ne serez pas au bout de vos surprises !

Zazie dans le métro - Raymond Queneau

Zazie, une petite fille, est confiée par sa mère à son oncle Gabriel pendant 3 jours à Paris. La mère à trouvé un nouveau Jules et aimerait bien être tranquille quelque temps sans avoir la gamine dans les pattes. 

Venant d’un petit bled, Saint Montrois, Zazie ne rêve que d’une chose : aller dans le métro. Mais il est en grève. 

Avec sa gouaille incroyable, au fil des rencontres et de divers déplacements, Zazie va se promener dans Paris. 

C’est une lecture qui apporte une bonne dose de fraîcheur qui fait du bien.

Marina - Carlos Ruiz Zafon

Oscar Drai se souvient de cette semaine de mai 1980 où il a disparu de son pensionnat sans laisser de traces. Pour bien faire, il nous raconte en fait tous les événements qui ont précédé cette semaine.

En ce temps là, il avait 15 ans, et s’ennuyait au pensionnat où il était interne. Dès qu’il le pouvait, il quittait cet endroit pour parcourir les rues de Barcelone. Au cours de l’une de ces promenades, il découvre une maison étrange, comme figée dans le temps. Peu de temps après, il fait la connaissance de Marina. C’est le début d’une grande amitié avec cette jeune fille singulière et son père un peu fantasque. Tous les deux, ils vont explorer des recoins perdus de Barcelone, dont un vieux cimetière mystérieux. Cette visite sera le début d’une série d’événements, en lien avec une tragédie datant de plusieurs dizaines d’années. 

Très vite, le décor est planté, on sent que du mystère plane au dessus de la tête du jeune Oscar. Mais le plus étrange ne vient pas forcément de là où on l’attend, et il est à tiroirs. Quand on pense avoir compris, l’auteur trouve à nouveau de quoi nous surprendre et de quoi faire rebondir le récit. 

Diana Gabaldon – Le chardon et le tartan

Juste après la deuxième guerre mondiale, Claire retrouve enfin son cher époux, Frank. En voyage de noces dans les Highlands, ils savourent leurs retrouvailles et découvrent les lieux en se promenant. Ils auraient pu être très heureux, ainsi… si ce n’est que Claire s’aventure un jour seule à proximité d’un cercle de pierres et se retrouve projetée dans le temps, 200 ans en arrière, peu de temps avant la révolte des jacobins de 1745.

Elle est anglaise, et se retrouve entourée d’écossais méfiants et de soldats anglais tout aussi méfiants : tous pensent qu’elle est une espionne (ou une sorcière ou une fée aussi). La question étant de savoir pour le compte de qui ?

Elle se retrouve hébergée provisoirement dans le clan des McKenzie, ceux qui l’ont retrouvée, perdue en pleine cambrousse, le temps d’éclaircir sa situation. Etant infirmière, elle trouve vite une utilité aux yeux des habitants.

Mais c’est sans compter sur les anglais qui veulent l’emprisonner. Le seul moyen de la sauver, est de la marier à un membre du clan. Ceci la rendrait intouchable. Et comme de juste, elle a soigné et aidé un beau mâle célibataire, Jamie. C’est un hors-la-loi qui est perçu comme un mauvais parti car il possède peu de biens. Ses chances de se marier sont faibles, il ne rechigne donc pas trop à l’idée d’avoir cette belle plante qui lui a tapé dans l’œil, dans son lit.

Et là, c’est le drame. Le roman à tendance un peu SF, intéressant pour apprendre des trucs sur l’écosse et les plantes médicinales, se transforme en romance mielleuse. Le jeune hors-la-loi bourru, après un dépucelage en règle, devient l’amant idéal, le parfait étalon, dans le lit, dans le foin, dans les fourrés, et j’en passe.

C’est également un roman qui défend durement la condition féminine. Jamie ne se prive pas de mater son épouse, si besoin, à coups de ceinture (et même que, lui, ça l’excite et qu’elle lui pardonne). Il ne se prive pas non plus de lui demander d’écarter les cuisses (qu’elle en ait envie ou pas). Les femmes ne valent pas très cher, je ne compte pas les viols ou tentatives qui sont mentionnées. Bon, pour racheter la cause de Jamie, ils se sont juré fidélité par le sang, et il est effectivement prêt à beaucoup d’actes chevaleresques, au péril de sa vie, pour sauver sa donzelle. Mais ça n’excuse pas le reste.

Bref, à lire uniquement si on est fan de ce type de romance et si on supporte de se plonger dans une histoire où les femmes sont juste des bouts de viande à farcir ou à secourir.Surtout que ce n'est que le premier tome, il est bien épais, et a une dizaine de petits frères.