Chirurgie
II - Greffes d'organes
partie 2 :
La chirurgie progresse énormément en matière de greffes. Même si la science-fiction invente assez peu dans ce domaine. Plus particulièrement, aujourd’hui, il est beaucoup question des avancées de la chirurgie en matière de greffe du visage.
Cela a commencé en 2005 par une greffe partielle du bas du visage (triangle formé par le nez, la bouche et le menton ; peau et muscles) [1] sur Isabelle Dinoire (38 ans). Cette femme avait été défigurée par la morsure d’un chien. L’opération a duré deux jours, les 27 et 28 novembre 2005 au CHU d'Amiens. Là encore, l’aspect neurologique est essentiel. Quelques mois plus tard, en février 2006, elle disait « je peux ouvrir la bouche et manger. Depuis peu, je sens mes lèvres, mon nez et ma bouche. ». Et trois an plus tard, malgré deux phases de rejet, l’évolution de la situation reste bonne [2] [3] : « La patiente a complètement retrouvé sa sensibilité ainsi que ses facultés motrices, ce qui autorise une fermeture totale de la bouche, lui permettant de manger, de boire et d'avoir une élocution normale. »
En 2007, une seconde greffe partielle (nez-bouche-menton-joues) fut réalisée 21 et 22 janvier par l'équipe du professeur Laurent Lantiéri, du CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) sur un homme qui avait une maladie qui lui déformait le visage.
En 2004, une équipe américaine, et en 2006 une équipe anglaise ont toutes les deux également reçu l’autorisation de se lancer dans les greffes de visage avec pour objectif de réaliser une greffe totale [4].
Mais finalement, c’est une équipe espagnole de l'hôpital barcelonais de Vall d'Hebron qui réalisa la première greffe totale (toute la peau et les muscles du visage ainsi que le nez, les lèvres, l'os maxillaire supérieur, les dents, le palais, les pommettes et la mandibule) en mars 2010 [5]. Le patient, Oscar, ayant suite à un accident une difformité sévère de la totalité du visage, a été opéré pendant 24 heures, et lorsque le résultat de l’opération a été présenté au public le 26 juillet 2010, l’évolution était favorable. Il pouvait boire des liquides, a recommencé à pouvoir parler deux mois avant, retrouvait une partie de ses sensations de toucher, et commençait à pouvoir mouvoir ses muscles mais « il ne peut pas encore fermer les yeux, ni la bouche ». La France a suivi peu après, les 26 et 27 juin 2010 [6], le Professeur Laurent Lantieri et son équipe ont à leur tour réalisé une greffe totale de visage à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil.
Pour l’instant ces greffes restent très contrôlées. On est loin du scénario du film de 1960 « Les Yeux sans visage » dans lequel le docteur Génessier, chirurgien esthétique, enlève des jeunes femmes pour leur prélever leur visage. Avec l’aide de son assistante, il veut greffer un visage à sa fille, Christiane, défigurée dans un accident de voiture dont il est responsable. Ces greffes sont réalisées avec des équipes composées souvent d’une trentaine de personnes, un chirurgien seul ne le peut pas.
De même, le scénario du film de John Woo (1997) « Volte-face » semble peu réaliste. Une lutte acharnée oppose le terroriste Castor Troy et Sean Archer, agent du FBI. Troy prépare un attentat à la bombe, mais tombe dans le coma. Grâce aux hautes technologies du FBI, Archer prend le visage de Troy, afin de déjouer cet attentat. Entre-temps, Troy sort du coma et se fait lui-même greffer le masque d'Archer. Dans le déroulement du film, tout se passe sans problème, sans les longues périodes de convalescence nécessaires aux patients pour retrouver une mobilité du visage.
Ainsi en matière de greffe de membre ou de visage, le seul apport de la science fiction est de s’affranchir des contraintes pratiques liées aux rejets et au temps nécessaire pour que la greffe se fixe et se connecte au réseau nerveux. Mais il est un domaine ou la science fiction dépasse la réalité : les greffes de cerveau.
[1] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/02/06/003-Greffe-Visage-D.shtml
