Sur les fanes de carottes, le blogzine de (science) fiction, et pour la thématique "Rouge manteau", j'ai bricolé la chose suivante :
L'imperator pan-galactique se sentit soudain fort las. L'un de ses encéphales commença à dodeliner, tandis que son appendice visuel le picotait.
Cela faisait plusieurs cycles de rotation de sa planète résidentielle autour de son étoile que l’imperator veillait, à gérer les affaires galactiques et à voyager sur des mondes externes. Combien de cycles d’ailleurs ? Trente ? Cinquante ? Tous ces déplacements lui faisaient perdre le fil du temps. Ses subalternes et conseillers venaient enfin de le quitter, chacun retournant sur son monde à travers l’espace et le temps. Cette période de veille lui avait parue longue, très longue. Il décida qu’il avait le droit de s’accorder un quart de cycle de rotation de repos. Les affaires de la galaxie l’attendraient un peu.
Il s’extirpa alors avec difficulté du luxueux fauteuil damassé de son bureau pour rejoindre, à travers la porte spatiale démoléculisante, la douce quiétude de ses appartements sub-surfaciques blindés.
Une fois le léger vertige de sa reformation passé, il put enfin désactiver le champ électromagnétique, le film bio-ionique, et la barrière tetra-sonique inviolable le protégeant des tentatives d’assassinat. Celles-ci avaient bien diminué depuis la fin des conflits qui se déroulaient dans la galaxie de Myrimas. Mais on n’était jamais trop prudent : même son meilleur conseiller pouvait le trahir.
Poussant un râle de soulagement, il délesta son encéphale gauche de sa coiffe pesante, symbole de sa charge galactique. Et c’est avec précaution et respect qu’il ôta de son encéphale droit le léger couvre-chef le désignant comme membre de la communauté pan-galactique au même titre que toutes les entités y vivant.
Il put enfin se dévêtir.
Il commença par ses longues bottes en couar d’Alpha 5 de Bételgeuse.
Puis il envoya voler à travers la pièce, d’un geste ample, son lourd manteau tissé dans un alliage précieux de composition secrète. Les artisans tisseurs de Sgul se seraient vendus, eux, leurs femelles et leur progéniture, sur quinze générations, pour en connaître la formule jalousement gardée. De cet alliage, on sait seulement qu’il contient des fils d’araignées gloutonnes de Gamma 7 de Cassio et du titane purifié vingt fois.
Enfin, il déclipsa les manchons plombés protégeant ses tentacules et son torse, un à un, en entrant le code secret qui les sécurisait.
Se dévoilèrent alors les larges écailles recouvrant tout son corps. Un passage dans le portique du lasero les régénéra et leur rendit leur éclat originel. Il se sentait maintenant propre, détendu... Bref, prêt à se reposer.
S’approchant de son caisson somniférant, il en régla la minuterie. Puis il sortit d’un rangement soigneusement caché dans une paroi murale un paquet enveloppé de papier gris. Il en déballa, pliée avec délicatesse et tissée dans la plus pure soie des plus rares vers, sa vaporeuse nuisette rose.