indiscret
17. Sous le chapeau
(elle galope sous mon chapeau)
Autres propositions :
et
18. Tirer les ficelles
(au sort)
19. Un grand A
(un A-glagla...)
20. Volatil(e)
13. Pataugeoire
(à Porquerolle)
14. Promenons-nous dans les bois
(pendant que les termites n'y sont pas...)
15. Rêver sous les branches
(étendue dans l'herbe)
16. Robots ménagers
(la robe de la ménagère)
9. Le fond et la forme
(que j'ai ramé pour décrocher la glace du compartiment congélateur du frigo...)
10. Le pouvoir des fleurs
11. Libérez-moi !
(voilà, à trop s'attacher, ce qui arrive)
12. Monstres lacustres
(une chaussette dans un lavabo, vous y croyez ?)
5. Des lendemains qui chantent
(la la la - avec la collaboration de Enya, Eels, Eagles, L'herbe folle, Jean-Jacques Goldman, Fat Boy Slim, Eric Clapton, Nicolaï Dunger, Kate Bush, Dead can Dance, Jean-Jacques Goldman - encore-, Eels - encore-, Queen, la BO de Trainspotting (Lou Reed et Blur) et Alpha Jet)
6. Grain(s) de beauté
(je n'avais pas de poudre de riz)
Une autre proposition :
7. L’un pour l’autre
(kromeugnon)
8. Là où les grands fauves vont boire
(et là est tout le défi, c'est là que le fauve est grand !)
1. A quoi ça sert ?
(je me sers volontiers de l'aqua)
2. Au pays des géants
(je me sens toute petite)
3. Dans le creux de ma main
(elle ne se laisse pas attraper)
4. Déluge
(ok, y'en a qu'une)
et une deuxième proposition :
Le coin de l'invitée :
Une quête infernale par Shi May Mouty
dix-neuvième (et dernier) épisode
Les diables s’empressèrent donc de mettre en pratique les grasses matinées et les longues siestes pour être bien reposés et de bonne humeur ; les ripailles de mets raffinés, vins exquis,
liqueurs et douceurs venues du monde entier ; les séances de dégustation des produits les plus rares ; les longs repas suivis de chants, de karaokés, et même de danses endiablées ; les jeux les
plus divers ; les sports pour entretenir leur forme et ne pas s’empâter suite aux repas gargantuesques et autres plaisirs gustatifs ; et bien sûr l’écriture et autres activités artistiques et
intellectuelles pour aussi faire travailler leur esprit.
La période d’adaptation fut un peu longue, mais progressivement, ils y arrivèrent. Les démons prirent grand plaisir aux parties de cache-cache dans les insondables et labyrinthiques galeries et
grottes de l’enfer. En réalité, le jeu devient progressivement un prétexte pour perdre les plus novices d’entre eux. Il arrivait aussi à certains damnés de se joindre à eux dans ces parties
interminables. Les démons trouvaient très drôle d’entendre les novices et les damnés hurler quand ils étaient perdus depuis des heures et commençaient à avoir faim. Ces cris leur rappelaient
d’excellents souvenirs. On dit cependant que certains joueurs, dépourvus du sens de l’orientation, errèrent parfois ainsi des années dans les cavernes infernales. Leur nom est inscrit sur une
pancarte à l’entrée de l’aire de jeu et de temps en temps, on songe à faire apparaître de la nourriture en divers points des galeries pour ceux qui ne maîtrisent pas la magie nécessaire pour le
faire eux-mêmes. Mais n’ayez crainte, ils ont l’éternité pour trouver la sortie…
Du coté du sport, Razibuth connut une grande réussite. Il n’avait pas son pareil pour distraire les autres concurrents grâce à quelques tours dont il était spécialiste : les pluies de
sauterelles, de crapauds ou de sangsues. Il abusait aussi des obstacles invisibles surgissant devant ceux qui risquaient de le battre. Mais il prenait garde à ne pas le faire en présence de
Lucifer.
Certains diables commencèrent à rédiger leurs mémoires. Ils en avaient des choses à raconter, il faut dire. D’autres écrivaient des livres d’histoire avec une rigueur à faire pâlir les
historiens terriens qui devaient, eux, se baser sur le peu qu’il restait de tradition orale ou d’ossements… Depuis les débuts de l’éternité, tant de millénaires s’étaient écoulés. Ils étaient
si souvent aux premières loges de certains événements. Plusieurs se mirent en quête d’un éditeur, certains romans devinrent des best-sellers…
Les démons se découvrirent une nouvelle passion : la cuisine. Les immenses chaudrons dans lesquels bouillonnaient éternellement des hectolitres d’huile furent recyclés. Les diables y firent des
frites, des chips, des beignets et des chouchous délicieux. Croustillants en surface, moelleux à l’intérieur, tout le monde en raffolait. Un petit commerce commença progressivement à s’établir
sur terre avec des vendeurs ambulants sur les plages et près des lieux touristiques. Puis ils s’installèrent dans des boutiques étroites, de plus en plus nombreuses et de moins en moins
étroites.
De nombreux jeunes diables y trouvèrent un emploi, dissimulant leur queue velue dans un blue-jeans ample, et leurs pieds fourchus dans des baskets dernier cri. Pas besoin de cacher leurs
cornes, car la marque de la chaine de restaurants créé s’appelait « Les Bouches de l’Enfer » et les autres serveurs portaient un maquillage rouge et des petites cornes factices sur le front.
Les clients aimaient beaucoup cette touche d’originalité, et allaient parfois jusqu’à demander s’ils pouvaient toucher les cornes de certains diables, les trouvant plus vraies que nature. Ils
étaient alors souvent frappés de constater combien le maquillage était bien fait. Il faut dire que les diables rouges étaient tenus de se badigeonner de rouge de sorte qu’il en reste sur les
doigts de ce genre de curieux, ainsi que de belles empreintes sur le bord des assiettes.
Des diables à fibre écologique décidèrent de fournir à leurs restaurants des produits bios. Ils convertirent quelques cavernes infernales en serres naturellement chauffées. Ils débutèrent par
des cultures qui ne nécessitaient pas de lumière : des champignons de Paris et des endives.
Ce fut une réussite extra-ordinaire. Progressivement ils montèrent des restaurants prodigieux dans les grandes capitales du monde. Ils ne tardèrent pas à avoir des étoiles. Les clients
trouvaient à cette cuisine une saveur si particulière qu’ils en redemandaient.
Alors ils s’enhardirent en éclairant les grottes avec des boules de feu reproduisant le spectre lumineux du soleil et commencèrent la production de légumes et de fruits de plus en plus
exotiques. Il suffisait d’ailleurs aux plus gradés de faire un claquement de doigt, un froncement de nez ou une brève incantation pour créer de nouvelles variétés. Ils avaient ainsi les moyens
de surprendre leurs clients : fraises bleues, oranges noires, tomates à pois multicolores… En plus d’alimenter les restaurants, un commerce sous le label « Brobuth » s’instaura. Les hommes
ignorèrent toujours l’origine de ces merveilles de goût et d’originalité.
Les démons s’amusaient ainsi beaucoup et ne s’ennuyaient plus. L’Enfer devenait-il un nouvel Eden ?
A la surface de la Terre, les humains qui n’étaient plus pervertis par les démons écoutaient enfin les conseils de leur ange gardien. Leur vie était plus sage, rangée, et un peu plus ennuyeuse
aussi. Ils n’étaient pas encore parfaits, loin de là, mais ils s’étaient améliorés de sorte que quand ils arrivaient au Paradis, ils ne piétinaient plus les autres dans les files d’attente, et
il leur arrivait même d’être généreux. Les archanges, anges, angelots, chérubins retrouvèrent le sourire progressivement. Le Paradis redevenait paradisiaque.
Et Dieu dans tout ça ? Dieu n’est pas orgueilleux, il ignore ce péché, mais il faillit tout de même narguer Gabriel en lui disant « Tout s’arrange, je vous l’avais bien dit ». Il ne le dit pas
cependant, il avait son rang et sa réputation à tenir. Il se contenta de sourire dans sa barbe.
Le coin de l'invitée :
Une quête infernale par Shi May Mouty
dix-huitième épisode
Le coin de l'invitée :
Une quête infernale par Shi May Mouty
dix-septième épisode
Gabriel, l’archange, était furieux. Lui, le grand Archange, le lumineux, lui qui avait jadis accompli les missions divines les plus nobles, lui qui avait annoncé à Marie qu’elle allait être mère, lui que des artistes prestigieux avaient représenté dans toute sa splendeur, auréolé d’or, les ailes immenses déployées en une houppelande de neige, lui, le bras droit de Dieu… était désormais rabaissé à un rôle médiocre et épuisant : parcourir sans cesse l’univers situé au-delà des mondes pour découvrir et aménager de nouveaux territoires et agrandir le Paradis.
Il était furieux depuis que Dieu avait décidé, seul, sans le consulter, lui le Resplendissant, d’accueillir tous les hommes au Paradis. Depuis lors, des files interminables d’élus béats
piétinaient devant les portes monumentales contrôlées par Saint Pierre.
« Pauvre Pierrot », pensait Gabriel, compatissant. « Tout ce travail à son âge… Pas étonnant qu’il ait des rhumatismes déformants aux doigts et une tendinite au poignet droit à force de tourner
les grosses clefs et de pousser les lourdes portes cloutées ».
Il était furieux de recevoir les incessantes récriminations des nouveaux habitants du Paradis. Tous voulaient plus de place, et toujours plus de confort. Les mères rouspétaient : « Où
voulez-vous que les enfants jouent ? ». Les couples amoureux soupiraient : « Nous voulons plus d’intimité !» Les victimes hurlaient et se réfugiaient sous les ailes des anges quand elles
devaient croiser leur bourreau. Des peuples entiers gémissaient : « Comment peut-on vivre paisiblement à coté de ceux qui sont, sur terre, nos ennemis depuis des générations et des générations
? »
Où se croyaient-ils donc ?
Il faut dire que le processus de reconditionnement des âmes nouvelles afin de les acclimater à leur nouvel environnement et leur permettre d’accepter de croiser des entités appartenant à
l’ancien temps de leur existence charnelle sans subir de choc affectif, tout ce processus n’avait plus le temps d’être fait. Les anges chargés de cette tâche n’en pouvaient plus et ne suivaient
plus le rythme. Tous se plaignaient : « On a trop de travail, on est débordés », ou « On a les oreilles qui bourdonnent à force d’entendre toutes ces jérémiades », ou bien « Le Paradis était si
calme autrefois, on n’y entendait que des chants suaves, des psaumes harmonieux, des cantates célestes ». Certains d’entre eux, déprimés, se laissaient aller à murmurer : « C’est l’Enfer ici ».
Ils avaient tous le teint pâli, les yeux cernés, l’auréole de travers. Leurs ailes grisâtres traînaient jusqu’au sol. Ils marchaient le dos voûté. Triste spectacle.
Et pourtant, Gabriel avait fait appel à Michel, l’autre Grand Archange. Il était énergique, combatif, et avait dès réception de son appel quitté son îlot (que lui-même n’osait plus qualifier ni
de normand, ni de breton). Mais même en unissant leurs efforts, ils peinaient à maintenir l’ordre et à ramener la sérénité au Paradis.
Preuve que tout allait de travers, les très très vieux Élus, les Bienheureux de la première heure, quelques hommes de Cro-Magnon, se plaignaient. Et pourtant, ils connaissaient le Paradis du
tout début, en avaient essuyé les plâtres. Depuis ils avaient subi tant de crises, hérésies diverses, papes, anti-papes, papesses… et bien, ces tueurs de mammouths, ces combattants aguerris
d’ours des cavernes, eux aussi venaient le voir et lui disaient : « Ah, de mon temps, ça ne se passait pas comme ça ! On respectait les anciens, on était polis, nous. Pas comme ces nouveaux qui
cassent tout et se croient tout permis. Il faut plus de discipline. Quelques coups de massue bien appliqués, et moi qui ai de l’expérience, je vous le dis, tout rentrera dans l’ordre ».
Les archanges avaient souvent envie de se boucher les oreilles.
Et Dieu dans tout ça ?
Dieu, assis sur son trône de gloire, paisible, superbe, voyait tout, entendait tout, mais ne changeait rien à sa décision. Son raisonnement était simple : « Nous vivons une crise, mais elle ne
va pas durer. Le Paradis vit une époque de transition. Le cosmos étant infini, chacun y trouvera sa place. L’éternité étant sans fin, nous avons le temps de trouver une solution aux problèmes.
Attendons dans la sérénité. » Et une fois ceci énoncé, la discussion était close.
Mais ceci est une autre histoire…