Les livres dans les livres

"[...] son front plissé, ses yeux rougis par l'effort, [il] lisait, lisait, lisait en remuant la mâchoire pour épeler furieusement, dressant un doigt mouillé de salive, tout prêt à tourner les pages. A la lecture de Richerdson, une disposition dès longtemps latente de son âme se mit à le ronger : le désir de journées bien réglées et d'une vie casanière, de parentés, de sentiments familiaux, de vertu ; l'aversion pour les méchants et les vicieux."

Comment transformer un ruste brigand en homme lettré et amoureux de paix... c'est beau. La force des livres est immense dans ce roman philosophique.

Poussées par les vents solaires, les âmes voletaient, légères et blanches comme des phalènes. Elles flottaient, immatérielles, dans l'espace infini et vide.

Le vide... justement, le vide. Les âmes s'y ennuyaient. Maussades, ternes. Elles se laissaient en réalité plutôt balloter dans les courants de l'éther comme de vieux bouchons dans une rigole après une averse. Zeus tonna bien souvent contre ce fait, mais tous ses efforts pour distraire les âmes tristes avec l'aide de peintres et de compositeurs de musique furent vaines. Les sons et les couleurs restaient sans effet.

Ce que Zeus ne savait pas, n'en déplaise à son omniscience, c'est qu'une zone du cosmos située un peu à l'écart était étrangement bruyante. Il y régnait une agitation de fourmilière, une sorte de chaos mystérieusement organisé. Des coups sourds, des sons métalliques, mais aussi des pétillements, des crépitements résonnaient, accompagnés de rires et de chants.

Des louches, des passoires et des casseroles s'entrechoquaient. Des couteaux, des fourchettes et des cuillères cliquetaient. Des parfums suaves s'échappaient. Et les âmes s'illuminaient, palpitaient, rayonnaient aux odeurs d'ail, de thym et de grillades.

Pourtant, on ne voyait ni casserole, ni fourchette, ni viandes, ni fruits, ni légumes. Rien que le vide. Tout cela n'était que des souvenirs, les gestes mimés, les bruits reproduits de leur bouche. Seulement les souvenirs heureux des repas partagés et des fêtes d'autrefois. Et qu'importe si une âme revivait la dégustation d'un sorbet à la fraise à côté d'une autre en train de humer un Munster bien mûr ou de savourer un hareng cru mariné dans une sauce improbable. Pas de querelles entre les anciens et les modernes, les partisans du cuissot d'auroch et ceux de la cuisine moléculaire.

Ici, les âmes étaient comblées. Elles jubilaient et s'irisaient de couleurs de l'arc-en- ciel, et ce bonheur se diffusait de l'une à l'autre. Finis la morosité et les regrets. Épicuriens, bon-vivants (même morts), amateurs de bonne chère se donnaient le mot et retrouvaient dans ce recoin du cosmos leur joie de non-vivre.

Au pays des carottes

Les désastreuses aventures des orphelins Beaudelaire

Film de 2004.

Suite à l'incendie de leur maison qui tue leurs parents, trois enfants (Klaus, Prunille et Violet) se retrouvent orphelins. Ils sont alors placés successivement chez plusieurs personnes.

D'abord, chez le Comte Olaf. Mais il est alors bien vite clair que celui-ci ne veut pas le bien des enfants, mais uniquement leur fortune. Monsieur Poe, l'administrateur de leur fortune à la banque les enlève alors de son tutorat.

On peut alors espérer que tout ce passera mieux dans la deuxième maison d'accueil. Mais, par la suite, quel que soit leur lieu d'accueil, le Comte Olaf n'aura de cesse de les retrouver et de faire en sorte que les enfants reviennent sous son contrôle.

Heureusement, Violet, l'ainée, est très inventive. Avec l'aide de Klaus qui a lu beaucoup de livres et sait plein de choses, et de la petite Prunille qui mord tout ce qu'elle trouve à portée de bouche, elle va s'efforcer à chaque fois de sauver le trio des mains de l'affreux Comte. 

Ce film est une adaptation d'une série de romans pour enfants de Lemony Snicket. Et on ressent bien ce coté enfantin et simpliste dans le film. Le Comte Olaf, joué par Jim Carrey, se prétend acteur pour justifier le fait qu'il endosse plusieurs identités. Il se grime, porte vêtements et accessoires, et change d'accent pour tromper les gens qui hébergent les enfants. Bien sûr, les adultes n'y voient que du feu et ne veulent pas croire les enfants. Ca se voit pourtant bien que c'est un déguisement. Le coté, théatre de guignol où l'enfant est acteur et peut dire "attention, le méchant est là !" est donc bien mis en scène.

Mais au final, le film devient vite un prétexte pour que Jim Carrey fasse ce qu'il fait quasi dans tous ses films : des grimaces et des pitreries. Et au bout d'un moment ça en devient énervant.

Pour l'inventivité des enfants, pour trembler avec eux, ce film vaut quand même le détour. Surtout pour le voir en famille.

Avant d’entrer plus dans le vif du sujet des manipulations génétiques, il parait nécessaire de mieux comprendre ce qu’est l’ADN [1], à quoi elle ressemble, et fournir quelques mots clefs qui seront utiles à la compréhensions des chapitres suivants, sans entrer dans des détails complexes.

Tout être vivant est composé d’une ou plusieurs cellules. Les bactéries sont ainsi des êtres unicellulaires (une seule cellule). Il faut bien noter que les virus ne sont pas une cellule, car les cellules sont capables de se multiplier seules, alors que les virus ont besoin des cellules pour se multiplier.

De manière générale, la cellule possède une membrane plasmique (une paroi délimitant la cellule), le cytoplasme (le liquide contenu dans la cellule) et du matériel génétique sous forme d’ADN, acide désoxyribonucléique. On distingue alors deux grands types d’êtres vivants en fonction de leurs cellules : « les Eucaryotes» [2] c’est-à-dire ceux dont les cellules comportent un noyau, et « les Procaryotes » [3] qui ont des cellules sans noyau. Les humains sont eucaryotes, les bactéries sont procaryotes, par exemple.

Dans les cellules des eucaryotes, l’ADN est essentiellement contenu dans le noyau, et donc séparé par une paroi du reste de la cellule. L’ADN est sous forme linéaire et réparti en différents morceaux (longs filaments formant la chromatine). Quand ces morceaux se structurent, au cours de certains processus, ils forment des bâtonnets appelés les chromosomes. Chaque morceau existe en double dans le noyau de chaque cellule (la cellule est dite « diploïde »).

Chez les procaryotes, le matériel génétique est regroupé dans une zone appelée « nucléoide » qui n'est pas séparée physiquement du reste de la cellule. L’ADN se présente sous forme d’une (parfois plusieurs) molécule circulaire (qui se referme sur elle-même).

Dans les deux cas, eucaryotes et procaryotes, la molécule d’ADN [4] est composé de deux brins se faisant face, et formant une double hélice. Chaque brin est constitué d’éléments plus petits qui se répètent, les nucléotides. Les nucléotides, sans entrer trop dans les détails, sont eux-mêmes constitués de trois parties. L’une d’elle est appelée « base azotée ».

Il existe quatre bases azotées : l'« adénine » (notée A), la « thymine » (notée T), la « cytosine » (notée C) et la « guanine » (notée G). Les deux brins sont reliés entre eux au niveau des bases azotées de manière qu’en face d’un T il y a un A et de même pour C avec G.

L’ordre dans lequel s’enchainent les bases sur les brins est un code qui contient l’information génétique. Les bases sont regroupées par trois. Avec T, A, G, C, il y a ainsi 4³ = 64 combinaisons possibles en triplets (TAG, CTA, ACG…).

La lecture du message contenu sur l’ADN est comme un code barre : chaque triplet de bases azotées a une signification. Et un ensemble de triplet plus ou moins long appelé gène comporte une information entière. C’est ce qui constitue le patrimoine génétique de chaque être vivant.